Distribution du matériel électoral : LES RAISONS DU DÉSASTRE

L’État, La Poste et Adrexo éliminés au premier tour

La presse s’en fait largement l’écho depuis plusieurs jours, la distribution des plis électoraux a été particulièrement chaotique pour les élections régionales et départementales. Dans bon nombre d’endroits, ils n’ont tout simplement pas été distribués.

L’abstention record au premier tour des régionales accentue la pression sur les opérateurs s’étant partagés le marché, à savoir La Poste et Adrexo. Les déclarations de responsables politiques visent particulièrement cette dernière, qui a récupéré la distribution sur la moitié du territoire.

Ce n’est pas étonnant. La direction d’Adrexo a pris en charge une activité surdimensionnée par rapport à ses capacités. Elle a donc, en catastrophe, « organisé » la production en bricolant dans tous les sens. Des intérimaires ont notamment été embauché·e·s à la va-vite, et envoyé·e·s au charbon sans formation. Des encadrants travaillant dans les départements où La Poste a le marché ont été déplacés là où la distribution est assurée par Adrexo, laissant des postes vacants un peu partout pour le reste des activités.

Pour autant, La Poste est bien loin d’être exempte de tout reproche. Sa direction a d’ailleurs été convoquée au Ministère de l’Intérieur, en même temps que les patrons d’Adrexo. Cela fait d’ailleurs plusieurs élections que des problèmes de plis non distribués existent. Auparavant, la distribution du matériel électoral faisait l’objet d’une organisation spécifique dans les centres de distribution. Les enveloppes étaient triées et distribuées à part, et cette activité faisait l’objet d’une compensation forfaitaire, que ce soit pour l’acheminement, le tri, la manutention ou la distribution. Le montant de l’enveloppe allouée par le Ministère de l’Intérieur était connu (84 millions d’euros par exemple pour les élections présidentielles et législatives en 2017).

Depuis quelques années, les factrices et facteurs sont obligé·e·s d’intégrer les enveloppes électorales au beau milieu du courrier, et leur distribution ne fait l’objet d’aucune compensation spécifique. Parallèlement, c’est le black out total sur ce que La Poste reçoit de l’Etat. La distribution des plis électoraux était donc, dès avant l’entré en lice d’un nouvel opérateur, passée sous le régime du profit maximum, au détriment des postier·e·s comme de la qualité de service.

La concurrence ne fait
qu’aggraver les choses
!

Pour Sud PTT, il y a bien 3 responsables de cette situation :

  • L’État d’une part, qui a confié à Adrexo une partie de la distribution du matériel électoral pour tenter de sauver le groupe Hopps, dont l’entreprise fait partie. Un groupe au bord de la faillite, en grande partie à cause de la gestion et des choix stratégiques de ses dirigeants. On peut d’ailleurs légitimement s’interroger sur l’appel d’offre qui a été lancé, dans la mesure où, au même moment, La Poste est devenue sous-traitante d’Adrexo pour la distribution des imprimés publicitaires, pourtant au cœur de l’activité de cette dernière (bonjour le petit arrangement entre amis !). Au passage, l’État doit faire quelques économies.
  • La Poste et Adrexo, qui organisent l’activité au rabais pour qu’elle soit au maximum rentable. Il y a donc une grande part d’hypocrisie de la part des uns et des autres. Cet épisode est une démonstration éclairante du fait que livrer un service public aux intérêts capitalistiques ne peut mener qu’à la gabegie. Celles et ceux qui en paient le prix sont la population et les salarié·e·s, d’Adrexo comme de La Poste.

Sud PTT demande une remise à plat totale de l’organisation de la distribution des plis électoraux

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  • La transparence doit être faite sur les conditions de l’appel d’offre, notamment sur les sommes allouées aux deux opérateurs.
  • Nous revendiquons un paiement forfaitaire des salarié·e·s dans les deux entreprises, ainsi que des embauches massives.
  • Au-delà, nous revendiquons la création d’un véritable service public postal, intégrant toutes les entreprises du secteur, sous contrôle des salarié·e·s et des usager·e·s.
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